Bordeaux by rain (ep. 2/3)

En avril 2009, visite chez l’ami Gaël, exilé en terre bordelaise. En mode gonzo-blogging.

Bordeaux, la suite… sous la pluie

2009-04-Bordeaux-2

Si Istanbul est une terre de contraste, la météo girondine en est une autre. il pleut, il fait beau, il pleut, il fait beau, sur des cycles de 15 mn. Est-ce à cause d’une lointaine occupation anglaise de la ville (XIIe ou XIIIe siècle), toujours est-il que le port du parapluie a été rendu obligatoire dans le Code Civil Bordelais instauré par Chaban-Delmas lors de son premier mandat en 1692. Trop dangereux de sortir sans ça. Heureusement, la jurisprudence Elie Baup autorise aussi depuis peu la casquette (mandature locale 1997-2003), qu’il porte depuis la fin de sa carrière de gardien de but en hommage aux buts qu’il prenait, casquettes aussi.

On peut donc pointer le nez dehors à arpenter la ville. Enfin, le centre ville, vu que Roselyne Bachelot a préféré mettre un cordon sanitaire au pont qui mène à la rive droite, par sécurité, vu qu’on sait pas bien ce qui s’y passe. On n’est jamais trop prudent.

Achat des journaux (dont Sud Ouest, qui contient des articles assez denses, fouillés et bien écrits, bravo les gars). Puis passage à la FNAC pour prendre un guide Vert. Vu ce qu’il pleut, c’est un peu normal qu’il soit vert. Et puis en plus, Gaël il a dit que rien qu’à la couleur c’était un bon guide. Donc je le crois. On ressort.

Bordeaux sous la pluie, c’est un peu comme Caen un vendredi sous la pluie, quand tous les étudiants sont partis chez eux en week end. Y’a autant de rues vides, de terrasses non déployées, et c’est aussi triste que là-bas. Heureusement il y a les rues rénovées, avec des grosses voitures bien chères qui rassurent les touristes. C’est une idée à Juppé, ça, pour regonfler le moral et redonner le sourire aux gens, de mettre partout des très belles voitures qui coûtent un an de salaire. Son côté manager né. Un leader d’équipe hors pair, comme on l’avait déjà connu au gouvernement.

Parce que la pluie c’est sympa, mais bon voilà, on file au CAPC, le Musée d’Art Contemporain de la ville. « c’est loin, c’est là sur la carte ». 10 mn après, on est arrivé. « Bah oui, Bordeaux c’est petit en même temps ». Ok, je devrais me faire à l’échelle locale alors. Le lieu, un ancien entrepôt en pierre qui servait à stocker les denrées alimentaires pour la ville en cas de crise (c’était vers l’an 800 avant St Kerviel environ), a été retapé pour pouvoir accueillir les artistes de demain, et surtout pour qu’en sortant on se dise qu’on a quand même vu un très beau bâtiment. Parce que l’Art contemporain, c’est l’Art contemporain. On a beau être pour, à chaque fois on ne garderait que 10% de ce qu’on a vu, et on se demande pour les 90% restants si c’est pas un pari entre artistes, à celui qui arrivera à faire exposer l’œuvre la plus improbable (Top du top pour longtemps : des miroirs déformants exposés au MAC). En même temps, quand on lit dans la plaquette que certains des artistes sont nés ou vivent à Auxerre, Lille ou Chateauroux, faut pas s’étonner non plus. Mais Juppé, en amoureux de l’art, est un gars super ouvert et pousse à l’éclosion des jeunes pousses issues des zones géographiques sinistrées de France (sauf Bordeaux rive droite, parce qu’entre le social et l’humanitaire, y’a des limites), et c’est quand même tout à son honneur.
Toutefois conscient de l’ampleur du désastre, Juppé a dépêché les meilleurs littérateurs d’arts pour faire la plaquette de l’expo et ainsi sauver les apparences. Le résultat est assez admirable de style et de pistes à explorer, même si on sent le travail d’écriture titanesque fourni pour tenter de donner de la crédibilité aux installations. La démarche frise parfois la limite de l’impossible, le critique restant impuissant face à ce qu’il doit défendre, du genre « Etranger à toute forme d’esthétique (…), l’artiste se défend d’une quelconque tentative de séduction (…) ». Pas moi qui le dit, mais en même temps, l’Art Contemporain, c’est une recherche d’émotion immédiate face à une œuvre, et là c’est assez bien décrypté, et en quatre pages d’explications comme c’est quasi-systématiquement le cas. Vive l’émotion immédiate en 10 volumes, donc. Mais on ne perd pas du tout son temps à lire ces plaquettes, on peut y glaner quelques expressions à ressortir à n’importe quelle sauce et qui pourront sauver la face lors de futurs vernissages, comme « cet artiste prône un art total », ou « ces monochromes sont aussi l’incarnation de l’histoire ambiguë de la représentation ». On sait jamais, ça peut servir.

Pour finir la journée plus tranquillement, Barça-Chelsea, puis soirée Wii chez d’autres potes de Gaël. J’avais jamais fait de Wii avant, les joueurs de Wii sont très curieux à voir jouer, en secouant les manettes dans tous les sens avec un visage crispé. La gestuelle, la tension dans le regard se rapprochent assez du Parkinsonien en train de monter une Tour Eiffel en allumette, ou d’Annie Girardot jouant au Mikado avec Mohamed Ali. Assez instructif donc de se dire qu’on ressemblera à ça dans 40 ans quand on tentera vainement de simplement mettre une clé dans la serrure.

5h du matin, va quand même falloir penser à dormir, car tout à l’heure y’a dégustations au Marché des Capucines…

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