Médias militants : à Tours, La Rotative bouscule l’info locale

On entreprend un nouveau cycle sur le blog : après avoir abordé les médias locaux innovants, on reste dans cette thématique de l’information de proximité, mais avec les médias militants. Intéressons-nous donc à La Rotative, site d’information tourangeau engagé. Pendant d’un Rebellyon (ils font partie du même réseau), ce site est animé par des auteurs non-journalistes et s’intéresse autant aux luttes sociales qu’aux évolutions urbanistiques et gentrifiantes des quartiers, ou à la politique locale.
Entre information de terrain et parti pris assumé, La Rotative démontre que, même sans moyens, on peut faire de l’info de qualité, quitte à bousculer ou froisser les élus et médias traditionnels.

Leur indépendance de ton et d’esprit et leur autonomie financière ont toutefois un prix, celui de la préservation de leur anonymat. Mais ça ne les empêche pas de se projeter vers l‘avenir pour aller toucher toujours plus de lecteurs. Rencontre avec La Rotative, militant de la liberté d’expression locale.

Comment est née La Rotative ?
Le site de La Rotative a été lancé en novembre 2013. Le projet s’était construit plusieurs mois auparavant, autour de l’envie par un certain nombre de personnes de créer un média relativement ouvert et qui puisse proposer autre chose que les contenus du paysage médiatique tourangeau proposait à l’époque. Il y avait ce constat que sur les luttes sociales, les violences policières, les versions proposées par le quotidien local La Nouvelle République (NR) étaient systématiquement dans le sens du patron, des flics… L’idée en créant cette plateforme était de répondre à ça et de disposer d’un espace pour diffuser nos idées.

C’est arrivé au moment où Rebellyon[1] a décidé d’exporter son modèle dans d’autres villes. Certains d’entre nous étions déjà en contact avec eux, du coup ils ont mis leurs outils à disposition pour lancer un site local. Tous les membres du collectif d’animation de La Rotative sont des militants politiques. On n’est pas journalistes, on ne se cache pas derrière une pseudo-neutralité sur les sujets qu’on traite.
L’un des trucs les plus difficiles, lors de la conception du site, ça a été de trouver un nom. Des propositions assez farfelues ont fusé. Puis quelqu’un a proposé « la rotative », et ça a fait consensus immédiatement, notamment en raison du décalage entre le format exclusivement numérique du média et la référence à la presse imprimée.

Le militantisme comme principale motivation ?
C’est le principal ressort, oui. Les mouvements sociaux n’investissent plus autant qu’avant le terrain médiatique, quand il existait une grande pluralité de publications politiques ou syndicales, y compris à l’échelle locale. C’est un travail qui prend beaucoup de temps, et qui n’est pas toujours bien  reconnu. Un article pas très fouillé et rédigé à la va-vite va parfois devenir viral, engrangeant des milliers de vues en quelques heures, alors qu’une longue enquête qui présente des informations exclusives passera inaperçue. On a passé, par exemple, une semaine à enquêter sur le renouvellement urbain du Sanitas, un quartier populaire de Tours, avant qu’il soit annoncé par la mairie, on a trouvé un peu par hasard des plans, passé des coups de fil… Cet article n’a eu aucune reprise locale et a péniblement atteint 800 vues à l’époque de sa parution (même s’il continue à circuler).

Une semaine plus tard, on a passé vingt minutes à écrire un article pour Paris-Luttes.info sur le budget participatif de la ville de Paris, et la proposition plébiscitée de la destruction du Sacré-Cœur fait 40 000 vues en 48h. On aurait préféré que l’article sur le Sanitas soit lu dans le quartier. Si cet article sur le Sanitas a été relativement peu lu, c’est parce qu’il n’a pas tourné sur les Facebook des habitants. Donc c’est un échec, même relatif. En comparaison, des articles sur les violences policières à La Rabière ou à Tours-Nord vont faire 10 000 vues en 24h car ils vont tourner sur tous les Facebook du quartier.

La Rotative est-elle une forme de critique de l’uniformité des médias locaux ?
Oui, avec aussi un point de vue militant assumé : anti-autoritaire, ne pas servir la soupe aux partis politiques locaux même si certains contributeurs peuvent entretenir des liens de proximité avec eux. Essayer d’apporter un truc offensif en terme de contenu et de vision de la ville. Le paysage local souffre d’un manque évident de diversité dans le contenu de l’info locale. L’apparition d’InfoTours ou de 37°, un an après la création de La Rotative, n’a pas vraiment changé la donne.


Un journaliste comme Arnaud Roy[2], qui a participé à la création de 37°, fait des reportages pour TV Tours, et a animé une émission pour RCF 37,  illustre bien ce qui ne va pas dans le journalisme local : lors des manifs, il tape la bise au chef de la BAC, ses infos dépendent de ses bonnes relations avec les élus, et il devient aujourd’hui assistant parlementaire d’un député En Marche local. La politique par les petites phrases, le réseau…
Dans les autres cas du même genre, le directeur de cabinet de Marie-France Beaufils, maire de Saint-Pierre-des-Corps, est un ancien de la Nouvelle République

Combien de rédacteurs participent à La Rotative ?
L’équipe d’animation compte une dizaine de personnes. L’équipe s’est beaucoup renouvelée depuis 2013, mais on est toujours autant au cœur de La Rotative, sans compter les gens qui gravitent autour. Une partie des articles est rédigée par des contributeurs qui peuvent proposer un texte via une simple inscription sur le site ; depuis le début, on compte environ 200 contributeurs, qui proposent du contenu plus ou moins régulièrement. Le rôle de l’équipe d’animation consiste à accompagner les contributeurs, en relisant leurs articles, en vérifiant les infos, en proposant des corrections ou des améliorations, en travaillant la mise en page. Toute l’équipe est bénévole. Mais ça n’empêche pas un rythme de parution qui tourne autour d’un à deux papiers par jour, avec environ 30 000 visites mensuelles. Ce qui est pas mal pour un site d’info local autogéré, fait avec des bouts de ficelle et 300 € de budget en 4 ans ! (rires)

Une équipe bénévole et sans pub sur le site, donc sans financement.
Les quelques dépenses sont les frais de serveur et d’hébergement du site, ou de communication : on a mis 70 € dans 2 000 stickers cette année, ce qui est un très bon prix ! (rires).
On devrait lancer un appel à dons au mois de septembre. Depuis presque 4 ans que le site existe, on a du fonctionner avec un très faible budget. Les frais de serveurs étaient pris en charge par le réseau dans lequel on s’inscrit. On voudrait maintenant apporter aussi notre contribution à son financement.
Mais effectivement, on fonctionne sans aucune rentrée d’argent régulière d’aucune sorte.

Et ça garantit votre indépendance rédactionnelle, donc, comme vous l’indiquez sur le site.
On n’a pas de dépendance à des annonceurs, comme les autres médias locaux, et notre contenu ne dépend pas de nos bonnes relations avec les institutions. Au niveau local, on retrouve la même pub Fil Bleu[3] au même moment sur InfoTours, 37° ou la NR. Du coup, si ces médias critiquaient trop fortement la politique de Fil Bleu sur la tarification, les conditions de travail des chauffeurs ou la desserte, je ne pense pas qu’ils seraient aussi généreux dans leurs campagnes de pub. Les collectivités arrosent aussi pas mal les médias locaux, comme le montre l’exemple récent de la campagne publicitaire que s’est offerte la mairie dans la NR à l’occasion de ses vœux (ironiquement évoquée ici).

Ce réseau, qu’est-ce-que c’est, au fait ?
Ce sont les sites d’infos militantes comme Rebellyon, Paris-Luttes.info, et des sites à Toulouse, Marseille, Brest, Montpellier, Rouen, Rennes, Genève… Le réseau accompagne aussi des militants d’autres villes en vue de l’amélioration ou de la création de leur site. C’est à la fois un réseau d’entraide technique et d’échange de pratiques. Le réseau, appelé « Mutu », correspond à un projet tout simple : l’entraide. C’est-à-dire la tentative de partager nos expériences et mettre en commun un certain nombre de dispositifs techniques. Une mutualisation de ressources et de pratiques qui associe pour l’instant quinze sites, de Paris à Lyon et de Toulouse à Genève, assez différents dans leur fonctionnement, dans la composition de leur collectif d’animation ou par l’espace dans lequel ils s’inscrivent. Évidemment, nous partageons tous un certain nombre de caractéristiques comme l’aspect participatif de notre fonctionnement et le caractère anti-autoritaire de notre démarche.

Dans les papiers, outre les analyses ou les retours sur des événements, vous faites aussi des compte-rendus des conseils municipaux. Pourquoi s’infliger ça ? Je vois ça comme un acte citoyen engagé, de faire connaître ces moments de décisions prises par des élus.
Au départ c’est le site de Reims qui suivait les conseils municipaux, et on a trouvé que c’était une bonne idée. Il y a à la fois un enjeu politique, et un enjeu pour l’inscription du site sur le territoire. Ce site fonctionne parce qu’il est lu. Si on se contentait de parler uniquement aux militants d’extrême-gauche, libertaires, NPA ou France Insoumise, on aurait 400 visites par mois et le projet se serait arrêté depuis longtemps. Pour que des analyses un peu radicales soient vues, il faut que le site soit lu et qu’on parle à d’autres gens que nos amis, dont des lecteurs qui ne seraient même pas forcément d’accord avec nous. On va donc sur des terrains qui ne sont pas nos lieux de prédilection. Typiquement, un conseil municipal, c’est aride, c’est long à faire, mais ça nous rend un peu incontournables pour des élus politiques locaux qui ne peuvent pas faire comme si on n’existait pas.


L’idée de traiter le conseil municipal, c’est de donner un regard critique et décalé sur ce qu’il va s’y dire et s’y faire. Ça permet aussi de suivre certains sujets dans la durée, les éléments présents dans les comptes rendus pouvant ensuite nourrir d’autres articles. Nos compte-rendus de conseils municipaux sont assez peu lus (environ 400 visites à chaque fois), mais ils touchent un public spécifique. On a aussi de bons retours sur la forme de ces comptes-rendus. On n’y assiste pas physiquement, on regarde la captation diffusée par le site de la mairie sur notre canapé. D’ailleurs, la ville prend cet argument de la captation comme prétexte pour ne plus faire de compte-rendu exhaustif papier, comme c’était le cas avant. Le président de la métropole, Philippe Briand, s’oppose complètement à ce que les conseils métropolitains soient filmés, et on n’a accès à aucun documents.


En tant qu’habitant, le seul document accessible, c’est un ordre du jour ultra succinct du conseil municipal. On n’a jamais pu obtenir des services de la mairie qu’ils nous envoient le cahier des délibérations, qui détaille le contenu des délibérations présentées au conseil municipal. Mais heureusement on a une source qui nous le communique à chaque fois. D’après nos informations, ça ne plait pas trop aux services du maire d’ailleurs.
Pourtant, il n’y a aucun enjeu, c’est de l’information qui devrait être publique. Ce document est inaccessible sur le site de la ville. Si, à un moment de la captation, tu n’as pas un élu d’opposition qui va poser une question, qui va aller plus loin que le cahier des délibérations, tu n’as aucune info sur le budget ou d’autres points importants. Ils se protègent.
En tout cas, dans le microcosme politique tourangeau, on sait que ça parle énormément du site. Et ça les rend fous de ne pas savoir qui on est ! Ce qui les embête, surtout, c’est qu’ils n’ont pas de prise sur nos contenus. Alors qu’ils peuvent appeler le directeur de rédaction des autres médias quand un article déplait.

Vous êtes invités ou avez accès aux conférences de presse des différents partis politiques ?
Non, on n’a aucun contact avec les élus. Les quelques demandes d’infos qu’on a pu faire à la mairie ont toujours été sans suite. Donc quand on récupère des infos, c’est soit au culot en appelant les services, soit parce que certains élus nous donnent discrètement des infos quand on leur demande. Mais on ne va jamais à une conférence de presse, ni interviewer physiquement un élu, on n’est pas du tout dans cette démarche.
Un communiqué de presse d’un gros parti va être repris dans les médias locaux et leurs plateformes sociales. Il n’y a aucun intérêt pour nous à en parler, à part dans une brève pour s’en moquer, mais on ne va pas pouvoir construire grand chose dessus. Au sein du collectif, on revendique de faire de l’information locale, pas d’être dans une démarche journalistique où on va donner la parole à toutes les parties.


Récemment, un contributeur a fait un papier sur l’aménagement des bords de Loire, qui ironisait notamment sur le discours du directeur de l’agence d’urbanisme de Tours. Ce dernier nous a envoyé par mail une longue réponse, trois pages de langue de bois invitant à ne pas critiquer le projet tant qu’il ne serait pas bouclé, etc. Il s’est ensuite plaint que son droit de réponse n’avait pas été publié. Mais ce directeur a déjà table ouverte dans tous les médias locaux : la NR, France 3 ou InfoTours ont fait un ou plusieurs articles sur le sujet pour dire à quel point c’était formidable. La Rotative n’a pas vocation à lui donner de la place en relayant sa communication.
L’autre problème de la conférence de presse, c’est l’identification. Même s’il a ses limites, le collectif d’animation du site revendique un certain anonymat. De fait, aller à une conférence de presse en tant que La Rotative est incompatible avec cet anonymat.

Pourtant, on trouve des articles signés, sur le site, non ?
Oui, mais souvent par des initiales ou des pseudos. Un contributeur qui a rédigé quelques articles sous son vrai nom l’a payé assez cher : parce qu’il a signé 4 ou 5 contributions sur les plus de 2 000 articles du site, des gens se sont imaginés qu’il était le responsable de La Rotative. Et du coup, il est souvent pris à partie par des gens qui sont mécontents du contenu publié sur le site. Il y a un rapport au site assez délirant, parfois, car beaucoup de gens ne comprennent pas le fonctionnement de La Rotative, malgré nos efforts de pédagogie, avec une charte pourtant bien visible. Les gens ne veulent pas comprendre qu’on n’a pas forcément envie de se mettre en avant, qu’on n’a pas forcément de plan de carrière pour aller bosser ensuite dans un grand média plus tard… Ce choix d’être invisible est revendiqué. Et ça évite aussi certains désagréments : le fait de critiquer certaines pratiques locales peut se traduire par des menaces physiques par les personnes mises en cause. Donc comme on aime quand même bien notre intégrité physique, on se fiche d’être mis au ban, mais on évite de trop s’exposer.

Pour parler de mon expérience, je suis sous pseudo mais visible. Et donner mon avis sur des questions locales a eu parfois des conséquences ou des réactions diverses et surprenantes…
Oui car tu casses un consensus. Quand tu fais de l’info locale, l’idée au départ est d’essayer d’entretenir de bonnes relations avec tout le monde car ce sont les acteurs publics qui vont te donner tes infos. Donc si la NR va dire du mal des flics de Tours, ils n’auront plus d’infos venant du commissariat. Et la NR a besoin de ces infos pour remplir ses pages locales. Si les journalistes balancent ce que les élus leur disent en off, ils n’auront plus d’infos en provenance de la mairie ou des partis. Tu ne peux pas te le permettre, si ton projet c’est d’essayer d’en vivre.
C’est pareil dans le milieu de la culture. Avant que La Rotative existe et publie des billets très critiques, le traitement dans la presse locale se résumait à « la culture, c’est bien ». On ne dit jamais de mal des acteurs culturels, car la culture, ce sont des valeurs positives. Quand tu arrives avec un papier présentant la manière dont sont traités les bénévoles sur le festival Terres du Son (4), tu fais voler en éclat un consensus qui régnait depuis des années.

Les relations avec les autres médias locaux sont de quel type ?
Les relations avec les autres médias locaux se passent mal ! On conserve précieusement un mail de Jacques Benzakoun, directeur départemental adjoint de la rédaction en Indre-et-Loire de la Nouvelle République, auquel on avait fait suivre un papier qu’on avait publié, sur les liens entre la mairie et la NR, à l’occasion des 50 ans du journal. Un carton d’invitation envoyé au gratin local, co-signé du directeur de la NR et du maire, invitait à fêter l’anniversaire du principal journal local à l’hôtel de ville. Pourtant, en terme d’indépendance de la presse, ce n’est pas anodin. Donc on avait ironisé à ce sujet. Et il nous avait fait une réponse peu diplomate, nous traitant au passage de rouge-bruns…
Mais on n’est pas dans un rapport d’hostilité permanente non plus, certains journalistes locaux font du très bon boulot.

L’usage des réseaux sociaux, Facebook, Twitter, était intégré dès le départ dans le projet du site ?
On diffuse très rarement de contenus exclusivement dédiés aux réseaux sociaux, à part quelques livetweets de manifestations. Ce sont par contre des outils indispensables pour toucher un maximum de monde. Si on n’est pas présent sur ces réseaux, la visibilité des articles en pâtit fortement. Au sein du réseau dans lequel on s’inscrit, il y a des militants d’autres villes qui étaient farouchement opposés à aller sur Facebook, pour des raisons politiques. Au fur et à mesure, ils ont été mis en minorité car les gens se rendaient compte de l’importance d’être présents sur ces plateformes. Maintenant, il y a beaucoup de groupes de militants qui vont diffuser leurs informations exclusivement sur Facebook ou Twitter, ce qui pose aussi des problèmes quand une page est censurée. Tu n’as plus rien pour informer ta communauté. Et il est difficile de faire une recherche de contenu sur Facebook, de retrouver un article publié un an plus tôt. Donc le site reste le principal support qu’on alimente, les réseaux sociaux étant annexes.


Mais la viralité des contenus via Facebook est toujours impressionnante. Un de nos premiers buzz peu après le lancement du site traitait d’une attaque de fafs partis d’un bar du Vieux-Tours. Tout d’un coup, les compteurs de stats se sont affolés car l’article est passé de compte Facebook en compte Facebook. Alors que le mois précédent, on avait fait à peine 2000 visites, on a fait 40 000 visites en deux jours, et qui venaient principalement de Facebook. C’est toujours hallucinant, la force de ces réseaux-là. Mais on est très peu dans l’équipe à prendre le temps d’alimenter ces comptes sociaux.

Sur le site, les commentaires aux articles sont fermés, au passage.
Oui, mais on réfléchit à les ouvrir. On se dit que les commentaires doivent apporter quelque chose à l’article, pas que ça finisse comme sur les autres médias avec des prises de bec entre les dix éternels contributeurs sans réel intérêt. C’est encore un débat entre nous.

Pour vous contacter, il y a seulement le mail…
Essentiellement. Ça permet de réduire le risque de poursuites judiciaires destinées à faire perdre inutilement du temps, de l’argent et de la motivation. C’est l’une des principales raisons de l’anonymat, de l’absence de statut, etc. Le Postillon, à Grenoble, a publié une grande enquête extrêmement documentée sur les pratiques managériales au sein d’une des mairies de l’agglomération grenobloise (ce maire est également président de l’agglo). Avec une dizaine de témoignages faisant état de maltraitance au travail, de harcèlement.. Du point de vue du traitement de l’information, c’était nickel. Ça n’a pas empêché le maire de leur faire un procès en diffamation, de demander 20 000 € en réparation, et d’en obtenir 6 000. Alors que pour Le Postillon, la vente d’un numéro finance juste l’impression du suivant. Donc c’est pour ça qu’on fait attention.

L’avenir de La Rotative se dessine comment ?
On commence à travailler sur la métropolisation. Ce qui s’est joué politiquement autour de ce sujet est assez fascinant, un espèce de consensus où, à droite comme à gauche, il n’y avait pas spécialement d’arguments pour justifier de la création d’une métropole tourangelle : « c’est bien parce que c’est bien ». On est dans le niveau zéro de la parole politique. Du coup on voudrait bien lancer une série d’articles là-dessus.
On suit aussi de près la rénovation urbaine du Sanitas, avec une série d’entretiens à venir. Et on va continuer à traiter l’information locale, avec un regard critique sur les évolutions en cours.


Dans les autres projets, on réfléchit à une version papier. Par forcément de manière régulière,  plutôt sous des formes thématiques ou de recueils d’articles qui pourraient circuler sous forme physique avec un beau travail de maquette qui est en cours de finalisation. L’appel à dons de la rentrée pourrait servir à ça. Le projet n’est pas encore abouti, mais ce journal pourrait être distribué en manif, dans des bars… Pas en kiosque en tout cas. On réfléchit à le mettre à prix libre. Ça nous permettrait d’avoir un support de communication supplémentaire pour ceux qui utilisent peu le web, ne connaissent pas le site, ou n’iraient pas fouiller dans les archives. Car on a beaucoup de thématiques !


On a aussi une proposition d’un développeur de nous faire bénévolement une application. On y gagnerait beaucoup sur la vitesse de chargement des articles, et sur la charge des serveurs. En plus, ce modèle d’appli pourrait être réutilisé pour tous les sites du réseau, il n’y aurait plus que le travail d’adaptation graphique à faire pour chacun, car l’architecture des sites du réseau est commune.
Parmi les autres développements, on va aussi lancer une newsletter éditorialisée, avec les articles importants de la semaine, pour faire un rappel à nos lecteurs plus occasionnels.

La Rotative :

 NB : il est beaucoup question dans cette interview des pure players tourangeaux InfoTours et 37°. Pas sur les mêmes créneaux mais jusqu’ici concurrents, ces deux titres se sont rapprochés en août 2017.

1 le site Rebellyon se présente sur son site comme un « media alternatif à Lyon géré par un collectif autonome. Il n’est pas composé de professionnels des médias, mais d’individus bénévoles et militants. Il s’inscrit au sein du mouvement anti-autoritaire lyonnais. » Plus d’infos ici.

2 Journaliste politique au pure player tourangeau 37°, Arnaud Roy devenu du jour au lendemain assistant parlementaire EM. Depuis, 37° suscite quelques critiques, les papiers de l’ex-journaliste sur la campagne des législatives étant revus à l’aune de sa nouvelle activité.

3 Fil Bleu est la société de transports en communs de l’agglomération tourangelle. Les TCL de Tours.

4 Créé en 2005, le festival Terres du son propose une programmation désormais réputée en Indre-et-Loire. Le domaine de Candé, où il se déroule depuis 2008, a accueilli des têtes d’affiche comme Morcheeba, Camille, Popa Chubby, IAM, Mr. Oizo, The Dø, Archive, Asaf Avidan, keziah Jones, Pete Doherty… Bref, du lourd.

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